L'Etat "providence" est condamné

L'Etat "providence" n'est pas chose naturelle en ce monde. Pour qu'il ait pu exister avec le minimum d'efficacité qu'on lui a connu en France, en Allemagne et dans quelques autres pays européens, il aura fallu un concours de circonstances alliant des Etats forts, démocratiques et pas trop corrompus ET, du fait de la guerre, l'anéantissement de la continuité historique (effondrement de la monnaie, des retraites etc..). A l'appui de cette thèse, voyez que les deux seuls pays d'Europe où l'Etat providence est le plus faible sont le Royaume-Uni et la Suisse, pays non envahis durant la guerre. 

Prenons l'exemple des retraites par répartition : Il faut en effet un Etat fort et non corrompu pour intimer aux jeunes avec un minimum de crédibilité, l'ordre ubuesque suivant : "Payez pour les vieux d'aujourd'hui, moi, l'Etat, je vous garantis que je saurai faire payer les jeunes pour vous servir une retraite quand vous-mêmes serez en âge". Dans 95% des pays de la planète, l'Etat soit n'existe pas, soit est corrompu, soit par idéologie, adopte le système libéral où chacun fait sa pelote pour garantir ses vieux jours.

On voit bien que notre système étatique est l'exception et qu'il souffre de maux congénitaux :

- il ne tient pas compte de l'état de l'économie ni de la démographie pour moduler automatiquement les pensions,

- la responsabilité individuelle n'est pas du tout ressentie d'où le report systématique des critiques sur les "politiques",

- il y a toujours des démiurges qui, avec les meilleures intentions, se permettent d'inventer des règles de répartition des pensions favorisant la veuve et l'orphelin.

Et en plus, ce système suppose une stabilité autarcique des travailleurs aujourd'hui largement battue en brèche sur tous les fronts. Oui, notre système socialisant de l'après-guerre est condamné et plus vite nous en prendrons conscience mieux cela vaudra.

Les Anglais ont eu la chance d'avoir Mrs Thatcher dans las années 80-90. Elle a été lourdement combattue par nos idéologues franchouillards (souvenez-vous de la pourtant excellente chanson "Miss Maggie" de Renaud) mais elle avait raison et les Anglais, travaillistes et conservateurs confondus, lui reconnaissent aujourd'hui le mérite d'avoir déverrouillé leur économie pour le bien de tous. Oui de tous.